Un chemin en terre, Un chemin en tête

Un regard écologique du voyage

Le temps du retour

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Dans un précédent post, le temps d’un voyage, j’interrogeais mon (notre) rapport au temps.

Il me semblait alors que le voyage m’avait permis de le mettre sur pause, l’espace d’une année (et on sait par Einstein combien les deux sont imbriqués, physiquement parlant).

J’avais lu il y a longtemps que nous avions l’impression qu’en vieillissant le temps s’accélérait comme si une année n’avait pas la même durée pour un enfant de 10 ans que pour une personne de 50 ans. Cela était dû au fait que notre échelle interne de temps était déterminée par le rapport au nombre de jours déjà vécus. Ainsi pour un bébé d’un an, une année représente le temps déjà vécu, mais à 10 ans, une année représente 1/10ème de sa vie, à 50 ans, 1/50ème, ce qui fait que cette même année nous apparaîtrait de plus en plus courte au fur et à mesure du nombre d’années vécues. J’avais trouvé ce rapport au temps assez convaincant et représentatif de mon propre ressenti des années au fur et à mesure de l’avancement de ma vie.

Lors de notre voyage, j’ai pensé qu’en me « mettant sur pause » avec ma famille pendant une année, le temps ralentirait, et c’est bien ce qui s’est passé. J’ai profondément savouré le fait de prendre mon temps, de ne pas courir tout le temps entre le travail et la vie de famille dans mon quotidien.

En revenant en France cependant, le rythme infernal a repris et je me suis mise en quête d’une autre façon de ralentir cette damnée roue de hamster dans laquelle je m’étais replongée si rapidement, à mon corps défendant.

J’avais souvent entendu cette citation « carpe diem » mais elle me semblait une aspiration difficile à atteindre. Je n’avais tout simplement pas le mode d’emploi et ne savais pas même qu’il puisse en exister un. Je pensais que certaines personnes étaient naturellement douées pour habiter leur moment présent et d’autres non. Il n’y avait donc rien à faire, je faisais clairement partie de la seconde catégorie.

C’est la pratique de la méditation dite de « pleine conscience » qui m’a fait découvrir que prendre la mesure du temps présent peut s’apprendre, tout comme n’importe quelle activité ou sport. Les enfants sont naturellement doués pour habiter le moment présent mais c’est une capacité que la plupart d’entre nous semble perdre en vieillissant.

Je reconnais qu’avant le voyage, la méditation avait pour moi quelque chose d’un peu étrange, pour ne pas dire religieux. C’est Christophe André, médecin, donc scientifique, par qui j’ai découvert, via les nombreux livres qu’il a écrit à ce sujet, la méditation, pratique tout à fait laïque et compatible avec mon esprit cartésien. C’est un entrainement, dont l’objet est d’une simplicité déconcertante, même si comme dans bien d’autres domaines, elle s’avère un peu plus ardue dans la pratique.

Comme le piano, dont on apprend vite où se trouvent les notes, ce n’est pourtant que l’entrainement régulier qui permet au fur et à mesure d’évoluer et de faire sortir de ses doigts une musique harmonieuse. Certains-es sont plus doué-es que d’autres, certain-es y consacrent plus de temps, mais cela reste à la portée de tout le monde de faire émerger sa propre musique et de progresser sur son chemin.

La méditation m’a donc fait découvrir que l’esprit a besoin d’entrainement pour ne pas s’engluer dans des pensées sans fin et ne pas perdre le recul nécessaire à la conscience de ma vie.

L’esprit nous amène bien souvent sans que nous en ayons même conscience, à être soit dans le passé, soit dans le futur ce qui nous coupe de ce fameux « moment présent », le seul qui existe finalement. La méditation nous permet de faire « un pas de côté » pour en prendre conscience.

Ainsi ce fameux « carpe diem » peut se cultiver grâce à un entrainement régulier et nous permettre de ralentir sérieusement cette spirale infernale du temps qui passe et semble nous engloutir.

La méditation me permet de découvrir un autre rapport au temps, une joie d’être simplement là, au bon endroit, dans le moment présent, plutôt que dans un passé révolu ou dans un futur qui n’existe pas encore. Elle m’aide à m’ancrer dans la réalité de ma vie, et à la vivre vraiment plutôt qu’aspirée par les méandres de mes pensées sans fin. Pas besoin de partir à l’autre bout du monde, la méditation est un puissant vecteur pour habiter le « ici et maintenant ».

Finalement combien sommes-nous sur notre planète à ne pas vivre « pleinement » le moment présent, tout absorbés que nous sommes dans nos ruminations intérieures multiples et répétitives ?

Proposition d’écoute : Christophe André : « La méditation est un détour par soi-même » – France Inter

Proposition de lecture : diter jour après jour

Olivia, 11 novembre 2019

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