Un chemin en terre, Un chemin en tête

Un regard écologique du voyage

Réflexion sur les DÉCHETS (les moins pires sont sans doute les plus visibles, finalement)

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En guise d’introduction à notre propos du jour, une petite (moins de 2 minutes) vidéo éloquente sur la face cachée de nos déchets : le 7ème continent

En Asie, la street food, traditionnellement emballée dans des feuilles de bananier, est malheureusement de plus en plus remplacée par des sachets en plastique.

Au Laos, nous avons croisé un couple de voyageurs occidentaux qui affichaient chacun/e (à la façon « homme ou femme sandwich ») un A4 plastifié sur le devant de leur petit sac-à-dos porté en ventral où il était écrit en anglais quelque chose comme :

« Sauvons la planète, ne jetez pas vos déchets par terre ! » avec les drapeaux des différents pays traversés.

C’est étonnant comme nous, les êtres humains, sommes prompts bien souvent à remarquer tout ce qui ne va pas chez « les autres » sans avoir la même aisance critique envers nous-même. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne l’environnement et nous avons rencontré des voyageurs qui ne réalisaient pas toujours leur propre responsabilité ni le fait que ces questions se posent de manière tout aussi aigües dans nos pays dits « modernes ».

Ainsi en va-t-il pour la question des déchets. Nombreux sont scandalisés par la quantité de déchets apparents dans ces pays. Moi-même, me désolais au début de notre voyage dans mon article sur la gestion des déchets en Malaisie (ici) que ce pays pourtant assez riche n’investisse pas davantage dans la gestion de ses propres déchets.

Pourtant, je constate souvent dans les pays où nous sommes allés, que les gens nettoient, ballaient devant chez eux, de sorte que les rues sont bien plus propres que je n’aurais pu l’imaginer.

Par contre, dès le soir venu de petits feux au bord des routes permettent de brûler les déchets (tout en polluant l’atmosphère)

Dans nos pays européens, des incinérateurs (des usines d’incinération – article wikipédia sont certes davantage masqués et « gérés » mais n’en posent pas moins quelques problèmes également … Incinérateur d’Ivry/Paris XIII

et de petites décharges informelles, sont bien souvent l’unique gestion des déchets (tout en polluant les eaux, la terre et l’atmosphère)

Nos décharges sont certes davantage masquées et « gérées » mais n’en sont pas moins existantes et problématiques. Pour s’en convaincre, si besoin était, ce film réalisé par un homme ayant passé 2 années à filmer une décharge dans le sud de la France, ici la bande annonce (2 minutes)

Au gré de nos pas, j’ai souvent vu des poubelles publiques de toutes les formes et couleurs, dont certaines de recyclage, (mais généralement avec le même type de « tri » que celui que nous pouvons trouver dans nos poubelles « différentiées » en France)…

En Malaisie, dans le parc national de Niah

En Indonésie, Java, dans la ville de Malang

En Indonésie, Bali, ville d’Ubud

En Thaïlande, à Mae Hong Son

Au Laos, dans la ville de Luang Prabang

« Chez nous », ce n’est pas parce que les déchets disparaissent très vite le matin (grâce à tous ceux qui les ramassent, un grand merci à leur intention au passage, pour leur travail si utile et important) qu’ils n’existent plus. Et non, pas de baguette magique malheureusement, même si on aimerait le croire ou tout au moins ne pas avoir à s’en préoccuper une fois déposés dans la poubelle publique ou en bas de chez soi. On les brûle (nous aussi), et on les accumule dans des décharges. Et bien sûr, je ne parle pas des décharges « sauvages » encore rencontrées (des déchets qui se sont « perdus » sur le chemin de la déchetterie) ni des déchets brulés encore trop souvent en campagne. Me revient en mémoire, une opération de nettoyage de la petite rivière de la Rize près de Lyon à laquelle nous avions participé l’année dernière. Le lieu est bucolique mais j’avais été sidérée par la quantité de déchets « sauvages » derrière un muret, des kilos de déchets en tous genres (pots de peinture, gravats, etc.) et un moteur avait même été sorti de la rivière.

Et c’est sans doute cette gestion des déchets dans nos pays (qui les met à l’abri du regard) qui fera qu’un touriste occidental en voyage au Laos ou en Indonésie, muni de sa petite bouteille d’eau en plastique tout en ouvrant négligemment son paquet de chips à grignoter, après avoir fumé sa cigarette, pourra dire, en toute bonne foi, que vraiment « ce pays est sale !« .

La connaissance des chiffres pourrait pourtant appeler à davantage de modestie de la part des voyageurs occidentaux. Ainsi, d’après le site ConsoGlobe, « Un Européen produit en moyenne 600 kg de déchets par an là où un Américain en produit 700 kg/an et un habitant d’une grande ville du tiers monde entre 150 à 200 kg/an. »

Aujourd’hui, la gestion des déchets est une problématique globale, qui dépasse largement les pays qui n’ont pas de système généralisé de traitement des déchets.

Nous, habitants de la planète Terre, fabriquons en permanence de nouveaux déchets en devenir, alors que nous ne savons bien souvent pas quoi en faire (et là, on ne parle même pas des déchets nucléaires, qui nécessiteraient à eux seuls un article complet).

Je me rappelle de cette petite île de Nusa Penida, au sud de Bali, où on trouvait partout des « verres d’eau » en plastiques (avec la paille !) : tout ce plastique créé, transporté, puis jeté… pour quelques gorgées d’eau, quel non-sens. (Nota : entreprise française Danone)

Heureusement, de plus en plus de personnes en prennent conscience dans le monde.

Quelques raisons d’espérer ; et chacun-e peut à son niveau contribuer au changement :

2017 : on est sur la voie du « zéro sac plastique » en France !

-Tout au sud de l’Inde, la petite ville Kovalam a décidé de s’inscrire dans une dynamique de « zéro déchets ». Habitants et hôtels ont progressivement remplacé les sacs plastiques et autres contenants non biodégradables par des matières naturelles.

– Une autre initiative intéressante, rapportée par Bénédicte Manier, dans son passionnant livre « Made in India » qui décrit de nombreuses alternatives dans ce pays, est celle des « Ugly Indians », collectifs de « simples » citoyens qui choisissent un lieu sale, le photographient, puis font une « opération nettoyage » avant de photographier « l’après » pour le publier sur les réseaux sociaux. Une conférence TEDx (durée 17 minutes) à ce sujet.

le monde prend conscience de l’envahissement de la mer par les déchets plastiques, un article de Reporterre à lire

-le succès de cette « française américaine » passée au zéro déchet, Béa Johnson; un article à ce sujet ici  et de manière générale toutes les « familles zéro déchet » qui se multiplient en France comme ailleurs ou bien encore la ville de San Francisco qui affiche un taux de recyclage supérieur à 80 % de ses déchets.

Et si vous souhaitez diminuer vos déchets (on n’est pas heureusement pas obligé d’atteindre le « zéro déchet » qui peut être franchement décourageant pour le commun des mortels mais commencer par adopter quelques meilleures pratiques), de nombreux sites avec pleins d’informations, comme :

De notre côté, il est prévu prochainement un article spécifique pour l’éco-voyageur souhaitant diminuer ses déchets au bout du monde (et il y a du boulot !).

 

4 Commentaires

  1. Vraiment intéressante cette page. Merci pour tout ce travail ! A bientôt 😊

  2. Merci, Amandine pour ton retour positif.
    Nous sommes maintenant au Cambodge depuis 2 jours et merci encore pour tous tes conseils détaillés sur ce pays, qui vont bien nous servir.
    A bientôt, Olivia

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