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Un regard écologique du voyage

Quand un arbre tombe, on l’entend, quand la forêt pousse pas un bruit (Partie 1)

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Quand un arbre tombe, on l’entend, quand la forêt pousse pas un bruit (Proverbe africain)

En introduction, une petite vidéo d’hommage à Wangari Maathai, Kenyane prix Nobel de la paix en 2004, dont le mouvement « the Green Belt Movement », est à l’origine de la plantation de plus de 35 millions d’arbres.

ICI

J’ai déjà consacré quelques post aux « micro-jardins » que l’on peut trouver dans certaines villes d’Asie, ici ou . Et cela faisait longtemps que j’avais envie d’écrire sur ceux qui dessinent la nature en grand, les arbres (ci-dessous, photo prise à Tad Lo, au Laos)

Les arbres laissent rarement les humains indifférents, tant leur existence est intimement liée à la nôtre. C’est encore davantage le cas, dans le cadre du réchauffement climatique actuel : ils transforment le C02 (en surcharge due aux activités humaines) en oxygène et ils régulent la température, en particulier dans les villes. Sans compter le bois de chauffage, de cuisine, les fruits et tout ce que les humains ont de tout temps fabriqué avec son bois : des maisons, des bateaux, du papier et des objets de la vie quotidienne.

La liste de ses bienfaits pour l’humanité est longue et dépasse, pour beaucoup de personnes, l’aspect uniquement « utilitaire » ; la relation arbre-humain est même pour certain.es de l’ordre de l’intime, voire du spirituel.

Je voudrais ici parler de certains peuples, de certaines personnes, qui consacrent leur vie à leur protection, partout dans le monde. Il y a tellement d’actions dans ce sens, que je n’en ai sélectionné que quelques unes, plus particulièrement en Inde, mais le sujet est bien plus vaste qu’un texte de blog.

Dans ce pays, même si toujours trop d’arbres sont coupés (ici comme ailleurs), il existe de nombreuses initiatives pour en replanter ou pour les protéger. Elles prennent racines dans une longue et encore vivace tradition.

Les Bishnoïs, par exemple, sont connus pour être un peuple religieux depuis le XVème siècle, vivant au Rajasthan et se caractérisant par leur végétarisme, leur respect strict de toute forme de vie et de non-violence, ainsi que leur protection des animaux et des arbres. Ils entretiennent en particulier le souvenir du massacre de 1730, lorsque le maharaja exigea de couper des arbres pour la rénovation de son palais. Les Bishnoïs s’interposèrent mais ils ne furent pas écoutés. Une femme de la communauté, Amrita Dévi, ainsi que ses filles et d’autres femmes, s’interposèrent pour interdire l’abattage, entourant chacune un arbre de leurs bras. Puis hommes, vieillards, jeunes suivirent l’exemple des femmes. Il est dit que les soldats coupèrent, sans distinction, les arbres et les Bishnoïs. 363 personnes furent ainsi massacrées pour avoir tenté de protéger les arbres.

Mais par la suite leur courage fut salué et les zones où vivent les Bishnoïs bénéficièrent d’un décret royal spécifique interdisant la chasse et la coupe d’arbres. Encore aujourd’hui en Inde, ce peuple est respecté pour son engagement dans la protection du vivant.

Le mouvement chipko, connu pour sa défense des arbres, a inspiré de nombreux autres mouvements et actions partout dans le monde, en particulier dans les pays occidentaux. Dès les années 70, des villageois (peut-être inspirés des Bishnoïs), et en particulier des femmes d’un état du Nord, l’Uttarakhand, entourent des arbres pour les protéger.

A Piplantri, village écoféministe du Rajasthan, de 8000 habitant/es, on plante 111 arbres à la naissance de chaque fille.

Partout en Inde du Nord, nous avons vu des arbres plantés, en particulier au bord des routes, avec des constructions en brique tout autour pour les protéger :

Shubhendu Sharma, un jeune eco-entrepreuneur basé à Bangalore, a déjà planté plus de 60 000 arbres avec sa start-up écologique AFFOREST. Il travaillait chez Toyota et a été fasciné quand son entreprise a invité le botaniste japonais AKIRA MIYAWAKI (mondialement connu pour sa technique de reforestation rapide, il a planté plus de 40 millions d’arbres dans le monde) afin d’implanter une zone boisée sur le site industriel. Cette méthode permet de faire pousser des arbres 10 fois plus vite. Des arbres ont été plantés dans le désert de Gobi et des forêts amazoniennes ont été régénérées.

Près d’Auroville, dans le sud de l’Inde, un couple d’Israéliens, Yorit et Aviram Rosin, s’est installé en 2003. Ce couple a transformé 70 hectares de terres aride en sols fertiles.  C’est maintenant un projet bien plus vaste qui œuvre à la reforestation dans plusieurs endroits du monde, comme en Haïti et qui accueille chaque année sur place, à la  Sadhana Forest, de nombreux volontaires.

A lui tout seul, Jadav Payeng a fait pousser une vaste forêt sur un banc de sable de 550 hectares situé au milieu du fleuve Brahmapoutre. Le site compte désormais plusieurs animaux dont l’espèce est en voie de disparition, dont au moins cinq tigres.

En agriculture, les arbres peuvent aussi être de précieux alliés. Après les avoir supprimés des champs, certains agriculteurs.trices cherchent à travailler le sol, à l’ombre d’arbres.

En agroforesterie, les cultures sont ainsi plantées en association avec des arbres qui peuvent assurer une ombre bénéfique, retenir l’eau, enrichir la terre, etc.

En permaculture, on trouve la notion de forêt comestible, composée d’arbres et d’arbustes fruitiers.

Un exemple ici dans cette « forêt nourricière » en Belgique. A la ferme de Sahainan en Thaïlande, où nous sommes restés une dizaine de jours, les arbres sont omniprésents. Les plantes cohabitent avec toutes sortes de plantes et s’enrichissent mutuellement.

Olivia, publié le 29 juin 2017, depuis Ljubljana en Slovénie.

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