Un chemin en terre, Un chemin en tête

Un regard écologique du voyage

La « maison » balinaise

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Nous serons restés 5 semaines au total sur l’île de Bali, du 30 octobre au 7 novembre 2016. Nous avons principalement dormi dans des « homestay » (petites maisons d’hôte) ; cela nous a permis de découvrir l’organisation de l’espace familial balinais.

A Bali, l’habitation traditionnelle d’une famille composée généralement de plusieurs générations, comporte différentes petites maisons de plain pieds appelés « balé » (chacune occupée par un couple et ses enfants) et un temple familial construits dans une cour commune végétalisée. L’ensemble est souvent très beau et harmonieux. Les bâtiments sont travaillés avec soin, à la main (portes ouvragées, sculptures, encadrement de fenêtres, etc.); l’entretien du jardin est également très soigné et « fait main » (les minuscules pelouses sont tondues à la cisaille par exemple)

Ici, l’espace familial qui s’ouvre après l’entrée, de la « Made’homestay » sur la petite île de Nusa Penida (située au sud de Bali) où nous sommes restés plus d’une semaine :

Essayer de comprendre l’organisation de l’espace familial et du temple familial traditionnel Balinais permet d’approcher un petit peu des croyances de ce petit peuple (4 millions d’habitants) hindouiste très religieux situé dans un grand pays (l’Indonésie) majoritairement musulman.

Toute l’organisation du balé traditionnel répond à un ordre bien précis, représentation microcosmique de l’univers, en fonction de la pureté des quatre directions : « Kaja » considérée comme la direction la plus pure (là où se trouve la Montagne sacrée, le volcan Agung située approximativement au centre de l’île (donc le nord, si le terrain se situe au sud de l’île et au sud s’il se situe au nord)), puis l’Est (le soleil s’y lève), puis l’Ouest (le soleil s’y couche) et enfin « Kelod » impure (en direction de la mer (donc au nord, si le terrain se situe au nord de l’île et au sud s’il se situe au sud)).

Ici, la vue sur le Mont Agung, le volcan sacré des Balinais, depuis Sidemen (île de Bali) :

On pénètre dans l’espace par une « simple » ouverture dépourvue de porte, depuis la rue, nommée « Angkul-angkul« . Le mur d’enceinte étant une protection magique, l’entrée est protégée par des offrandes aux esprits gardiens ainsi qu’aux esprits dangereux de la terre. Toujours située près de la cuisine, l’entrée est surveillée par les femmes. La nuit, une lumière éclaire en permanence l’entrée afin de repousser les « ombres »

Juste après l’entrée, il y a le « mur protecteur » (appelé Alingan) qui barre le chemin aux mauvais esprits qui « ne savent qu’aller tout droit. »

On pénètre ensuite dans une cour constituée de la cuisine, de différents pavillons (balé), du balé Dangin ainsi que du temple sacré.

– la cuisine (ou Perantenan) dépourvue de cheminée, avec un foyer en terre, est située après l’entrée, côté Sud. Un Balinais y passe directement en rentrant chez lui afin de se purifier des énergies extérieures : il y retrouve le feu de Brahma et l’eau de Vishnu.

Dans l’espace de Djéro et de Rana où nous avons dormi à la Keliki Painting School (au nord de Ubud) durant 5 jours, elle était en rénovation. Environ 8 hommes refaisaient la toiture traditionnelle (et les travaux avançaient à vive allure).

A noter que chaque balé possède aussi sa propre cuisine.

le puit qui contient l’eau est considéré comme sacré ; chaque matin il fait l’objet d’offrandes par les femmes du balé.

– le balé Dangin situé à l’Est et dépourvu de mur, est le pavillon où l’on dépose les cadavres des défunts de la famille avant l’enterrement qui précède la crémation. Les âmes des défunts y siègent jusqu’au rite final qui consiste à jeter les cendres dans la mer après la crémation. C’est aussi le pavillon où se déroulent les cérémonies familiales telle que la cérémonie de limage des dents. Le reste de l’année on s’y assoie pour s’y reposer, discuter ou confectionner des offrandes. Dans la homestay « Suzan » à Canggu, nous avions l’impression que c’était un peu le salon : Kadek, la jeune fille de 14 ans de la famille (avec qui Méloé s’est liée d’amitié) s’entrainait pour la danse ou bien révisait ses cours avec ses amies ou passait du temps sur son smartphone. Toute la jeunesse indonésienne semble équipée de smartphone, y compris dans les campagnes.

Ici, chez « Suzan », Kadek donne un cours de danse balinaise à Méloé dans le balé Dangin

Là, Keran montre un origami à Kadek

Une sculpture vue de l’intérieur de ce balé, au niveau de la toiture

– le balé Daja, situé vers Kaja, sert de chambre au/à la chef/fe de famille ou au doyen/ne du clan. Ce balé contient aussi un placard qui conserve les objets précieux utilisés pour les cérémonies : draperies, parapluies, etc.

– Chaque famille possède son propre temple familial (ou Merajan), situé dans la partie la plus sacrée (Kaja et Est) de la parcelle : on ne peut y pénétrer qu’avec un sarong et une ceinture (qui cache la partie la plus impure du corps située sous la ceinture justement). A toute heure, on peut observer un habitant venir faire des prières ou entretenir le lieu. Là il est 22h (il fait nuit noire) et la terrasse du balé d’où j’écris ces lignes se situe juste en face de l’entrée du temple : le propriétaire vient d’y rentrer il y a un quart d’heure environ.

Le temple familial abrite différents autels (autel des ancêtres, autels des divinités (Brahma, Shiva et Vischnu), autels des gardiens protecteurs, une cuisine pour les cérémonies, l’endroit où s’assied le prêtre, etc.

Parfois des esprits farceurs, déguisés en poules, viennent chiper les offrandes destinées aux dieux ou déesses (mais ce n’est pas grave puisque l’ « essence » des offrandes est déjà parvenue aux déités (aidée par l’encens) :

– le balé Lumbung (ou grenier à riz) est la demeure sacrée de Dewi Sri, la déesse du riz. Les piliers raides empêchent les souris et les rats de le gravir. Un espace au-dessous permet de se reposer ou de manger.

– ensuite, d’autres balé (« pavillons ») se construisent au fur et à mesure de l’agrandissement de la famille afin d’abriter les différents membres de la famille. Ils sont souvent constitués d’une cuisine, d’une ou plusieurs chambres, d’une salle de bain et d’une terrasse.

A la « Keliki Painting School » plusieurs chambres des balés sont réservées à l’accueil de voyageurs. Dans le premier espace où nous avons dormi (chez Padma et Mudita), il y avait le balé Daja occupé par la grand-mère ainsi que 3 autres balé occupés par chacun de ses trois fils, belles-filles et petits enfants.

A Bali, nous avons presque toujours dormis dans des homestay (à Sidemen (même si avec les années, l’espace familial s’est transformé en hôtel), à Canggu, à la Keliki Painting school, à Nusa Penida) … et il règne un calme dans ces espaces familiaux ! Le soir, les gens se retrouvent sur leur terrasse et discutent tranquillement, nous n’entendons que très peu les enfants pleurer. Oui, vraiment, un peuple qui semble bien tranquille. En ce moment, je reprends l’écriture de ce post depuis la terrasse du pavillon où nous dormons à Nusa Penida, j’entends juste à côté le couple de propriétaires parler avec leur nièce et des voisins depuis une heure. La voix est douce et posée, parfois coupée par le cri très reconnaissable du gecko (un strident « hého » surgit régulièrement dans la nuit).

(informations extraites du fascicule d’accueil très bien fait de la Keliki Painting School) et du livre « Ma vie Balinaise » de Sandrine Soimaud)

Olivia, le 2 novembre 2016.

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