Un chemin en terre, Un chemin en tête

Un regard écologique du voyage

En route vers le « zéro déchet » 1/2

| 3 commentaires

Tout d’abord, une petite vidéo sympathique de 2mm pour introduire notre propos (réalisée par la Ville de Lille) :

ici

Samedi 27 mai 2017, nous sommes en Albanie à Tirana et la fin de notre voyage d’une année commence à se profiler. Avec les enfants, nous commençons à nous projeter sur notre retour en France.

Au fil de nos pérégrinations, nous avons vu tant de déchets sur notre route, que j’ai proposé à notre famille de nous inscrire dans une démarche « zéro déchet » quand nous serons installés dans un nouveau « chez-nous ». J’ai écrit plusieurs posts au sujet des déchets (comme ici), c’est un sujet qui me questionne de plus en plus. Alors bien sûr cela peut sembler quelque peu excessif cette notion de « zéro déchet », moi-même le pensais quand je lisais des articles consacrés à ce sujet il n’y a encore pas si longtemps. A la vue du « bocal » et de l’intérieur épuré (sans vie ?) de Béa Johnson je ne pouvais m’empêcher d’y voir une forme d’intégrisme écologique qui ne m’attire pas et me disais intérieurement : « mais c’est impossible » et puis « elle doit quand même bien se compliquer l’existence! » même si je n’en trouve pas moins intéressante la réflexion qu’elle suscite et la direction qu’elle propose.

Je trouve aussi que ce fameux bocal (représentant les déchets de la famille de Béa Johnson sur une année) peut avoir un côté paralysant pour toutes les bonnes volontés qui souhaitent réduire leur impact écologique. En effet, alors que je suis sensible depuis de nombreuses années à cette question, que ma famille consomme très peu de nourriture industrielle, que je fais attention à ce que j’achète, force est de constater que nous générons quand même une à deux poubelles (de 30 litres) de non recyclable par semaine. Alors j’ai du mal à imaginer ce que nous pourrions encore réduire sans nous compliquer sérieusement l’existence.

En toutes choses, je suis plutôt partisane de la modération que des excès et la question des déchets n’en est pas exempte. Pourtant, à la lecture des (vraiment très) nombreux blogs qui abordent le « zéro déchet », il me semble que c’est beaucoup moins compliqué que cela en aurait l’air au premier abord, que ce sont surtout de nouvelles habitudes à prendre qui une fois établies simplifient plus qu’elles ne compliquent l’existence, que c’est autant un chemin qu’un résultat (et qu’il ne se fait pas en un jour), que c’est une source de nombreux bénéfices « collatéraux » et enfin que c’est une des pierres angulaires de la problématique écologique rencontrée par l’humanité sur notre terre.

Bien sûr la première des raisons à vouloir limiter ses propres déchets est la prise de conscience de tous ceux déjà accumulés sur la Terre et dans les Océans. Et de la part produite par chacun/e des quelques 7,4 milliards d’êtres humains dans cet état de fait. Aujourd’hui, c’est une réalité que la planète déborde et que nous n’arrivons plus à les gérer. Nous pouvons certes nous contenter de blâmer les pays pauvres, comme je l’ai souvent constaté de la part de touristes critiques, et être choqué.e à bon compte par toutes les petites (ou grandes) décharges rencontrées ici et là mais l’honnêteté intellectuelle nous amène à reconnaître que nous, les pays riches, produisons bien plus de déchets … même si nous savons mieux les planquer. Seulement ces déchets n’en sont pas moins brulés ou accumulés dans des décharges (non, non, pas de baguette magique qui les désintègrerait). Nous pouvons également accuser nos gouvernements et nos responsables politiques qui ne prendraient pas la mesure du problème, tout en continuant à manger nos paquets de chips, sans vouloir prendre notre propre part de responsabilité.

La deuxième raison est que vouloir limiter ses propres déchets, c’est reprendre le contrôle de son alimentation et ne pas considérer notre propre corps (et celui de nos enfants) comme une poubelle pouvant allègrement ingérer des frites, pizzas industrielles ou des steaks-semelles et autres pains-éponges associés à la marque en M qui a colonisé toute la planète (sauf l’Albanie où nous nous trouvons actuellement !). Toute cette nourriture industrielle dont se gave de plus en plus l’humanité jusqu’aux coins les plus reculés (et qui a des répercussions sur notre santé) est en effet empaquetée et sur-emballée donc l’exclure de son alimentation permet ainsi de réduire considérablement ses déchets.

 

La troisième raison est que cette démarche permet de limiter notre contact avec tous les nombreux produits chimiques au milieu desquels nous baignons : produits d’entretien, cosmétiques, moquettes ou meubles traités, etc. Arrêter ainsi de nous enduire de produits chimiques à longueur d’hygiène et de « beauté » : il est de plus en plus avéré et documenté que les dentifrices et shampoings contiennent des perturbateurs endocriniens, et jusqu’au « bon vieux Mytosil » appliqué sur plusieurs générations de bébés. Et celles et ceux qui pensent s’en préserver en achetant des crèmes en pharmacie ou de grande marque, peuvent jeter un œil à la liste complète de Que Choisir et constater par eux-même que Avène, Clarins, et autre Dior ou Chanel contiennent aussi  des substances dangereuses.

Sans oublier tous les produits ménagers vendus à grand coup de matraquage publicitaire.

Enfin et surtout, penser à la suppression de ses déchets, nous invite à réfléchir à notre sur-consommation sous laquelle il me semble qu’une part non négligeable des humains se sent de plus en plus étouffée et prise dans une course effrénée. C’est revenir ainsi à davantage de simplicité dans sa vie pour laisser plus de place à d’autres domaines qui ne passent pas par le matériel. C’est prendre plus de temps pour soi et ses proches au lieu de passer son temps à acheter, nettoyer, ranger, tout un tas d’objets, vêtements, accumulés dans nos intérieurs, qui envahissent de plus en plus notre quotidien.

Une année passée avec seulement nos sacs sur le dos, nous a davantage conforté dans ce sentiment mêlé de liberté et de légèreté ressenti lorsque l’on vit avec peu de matériel.

à suivre …

Olivia, publié depuis Kotor, Monténégro le 8 juin 2017.

3 Commentaires

  1. J’adhère complètement et comprends bien cette légèreté du sac à dos qui suffit pour une vie. Mais qu’il est difficile après le retour de ne pas être à nouveau envahi par ces faux besoins matériels…
    pour ce qui est des courses et de la cuisine qui va avec, je me refuse toute nourriture de grande surface type Intermarché depuis notre retour de voyage. Cela a un coût financier réel mais ne m’achetant que peu de vêtements et jamais de cosmétiques ou autres d’utilité féminine, je refuse de sacrifier le budget course au détriment de notre santé et plus largement de l’environnement même si,de ce côté là on pourrait faire encore bien des progrès. Tout ce que,nous achetons n’est pas du local…
    N’en demeure pas moins que même les petits producteurs bio des ponts du lyonnais pourraient produire encore moins de déchets surtout au niveau des emballages.
    J’avais entendu il y a quelque temps que pour bien faire, une femme enceinte ne devrait touchée aucun plastique. Pendant ma grossesse, étant plus sensible que jamais à ce genre de sujet, je me suis finalement dit que l’apesanteur restait la meilleure option pour respecter cette recommandation…
    Bref, très intéressant et inspirant cet article. Pour l’heure, je vais profiter du sommeil de notre petit Marius pour récupérer un peu.
    Bonne fin de périple et a bientôt 😊

  2. Milles excuses pour le devraient touchée qui me pique les yeux 😉 Je soupçonne mon clavier d’en être l’auteur !

  3. Merci Amandine pour ton message, effectivement nous sommes tellement entouré.es de plastique que seule l’apesanteur permettrait de s’en affranchir… mais bon si on devait respecter toutes les préconisations faites aux femmes enceintes, on vivrait dans une bulle 😉
    Pour moi, s’engager dans une démarche zéro déchet, ce n’est pas penser qu’on va réussir à l’éradiquer du jour au lendemain, ce n’est pas vivre dans une bulle, ni suivre « une » méthode unique (ça je m’en méfie toujours) mais plutôt profiter de l’expérience d’autres personnes pour se simplifier la vie et inventer son propre chemin.
    Tu évoques le coût financier; tous les blogs sur le sujet semblent dire que c’est aussi intéressant économiquement et qu’au final, on dépense beaucoup moins.
    A bientôt,
    Olivia

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